mercredi 20 janvier 2010

Europe Ecologie Pays-de-la-Loire : la rupture permanente.

Pour tous les républicains, le bon score d'Europe-Ecologie a été la mauvaise surprise de la dernière élection européenne.Certes, nous ne nous faisions pas trop d'illusions sur ce scrutin, par nature anti-démocratique puisque anti-national, mais voir ce mouvement fourre-tout, européiste et communautariste talonner le parti socialiste tandis que les vrais gaullistes se débattaient dans les profondeurs du classement a été un choc pour la plupart d'entre nous. Ce désastre risque fort de se reproduire en mars prochain, du moins en Bretagne puisque les Verts se sont alliés aux autonomistes de l'Union Démocratique Bretonne. Ils espèrent un score à deux chiffres et il est très probable que le poids des autonomistes s'entre trouvera renforcé avec l'arrivée possible à l'assemblée régionale d'un de leurs leaders historiques : Herri Gourmelen.


De l'autre côté de la Vilaine, cependant, les choses sont loin de se passer aussi bien. Si l'on évoque Europe-Ecologie Pays de la Loire dans la presse locale, c'est surtout pour parler de ses divisions. Il faut dire que la tête de liste, Jean-Philippe Magnen, adjoint au maire de Nantes avait plutôt mal commencé. Il avait annoncé sa candidature au beau milieu de l'été, sur Facebook, sans avoir, semble-t-il, consulté personne. Il avait dû ensuite en rabattre quelque peu, se décrivant comme uniquement candidat à la candidature, et est passé par la voie habituelle pour se faire introniser.


La méthode a cependant dû choqué, car même si les Verts ont, comme partout ailleurs, décidé de partir en autonomie, un certain nombre d'entre ont décidé de faire de la résistance. Trois conseillers régionaux sortant (Dominique Norval, responsable des spectacles vivant, Patrick Cotrel, vice-président et vice

Président du Conseil régional, président de la Commission Formation Professionnelle, Apprentissage et Politiques de l’Emploi, et Yann Helary, Vice Président du Conseil régional, élu de Vendée et Président du parc du Marais Poitevin), ont défendu une union de la gauche dés le premier tour. Il n'ont pas réussi à imposer leurs vues et se sont rallié à la majorité, ce qui ne les a pas empêchés d'être écartés des listes, selon eux « en contradiction avec les règles démocratiques internes des Verts qui garantissent la représentation des minorités. »


Ils se sont alors ralliés au président socialiste sortant, Jacques Auxiette, qui les a naturellement intégrés sur sa liste. Une association a été créée pour soutenir cette démarche Ecologie-Solidarité Pays-de-la-Loire. Les dissidents ont été immédiatement exclu des Verts, par lettre recommandée et Dominique Norval a été chassée, de facto, du groupe des élus verts à la mairie de Saint-Nazaire.


Les intéressés ont crié à la purge interne et à la dérive droitière. Ces protestations ne sont d'ailleurs peut-être pas entièrement injustifiée car le Secrétaire Régional des Verts, Didier Quéraud, a été remplacé à peu prés à la même période, sans qu'on en sache trop bien la raison. Des rumeurs ont couru dans la presse sur une possible alliance avec le Modem et il est certain que des contacts ont été pris avec Cap 21 en vue d'une éventuelle participation à la liste Europe-Ecologie Pays de la Loire.


Comme si cela ne suffisait pas, une autre rupture pourrait se préparer. L'Union Démocratique Bretonne, un parti autonomiste, fait, comme en Bretagne, partie d'Europe Ecologie et devrait, selon Presse Océan, être présente sur la liste. Un de ses candidats, Damien Perrotin, serait à la treizième place sur la Loire-Atlantique, ce qui lui laisse une petite chance d'être élu en cas de très bon résultat. Cela n'a rien d'étonnant de la part d'un mouvement fondamentalement anti-républicain et communautarisme.


Or ni Damien Perrotin, qui travaille à Nantes, ni le leader local du parti, Pierre Even, élu dans cette même ville, n'ont assisté à l'inauguration du local de campagne d'Europe-Ecologie, ce mardi, dans le centre de la capitale des Pays-de-Loire. Cela traduit pour le moins un malaise, d'autant plus que l'UDB ne semble absolument pas participer à la campagne, se contentant d'envoyer son candidat principal à une poignée de conférences de presses où il a d'ailleurs pris garde de ne surtout pas intervenir.


L'UDB est favorable à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, bête noire des Verts locaux mais avait mis cette question sous le boisseau en juin dernier. De plus, Damien Perrotin est un écologiste radical, partisan des thèses du Club de Rome sur la croissance zéro et de Richard Heinberg sur l'épuisement des matières premières. Pas vraiment un productiviste forcené, donc.


Selon certains membres du CAP (l'instance chargée de piloter la campagne d'Europe-Ecologie Pays de la Loire), ce qui fâcherait, ce serait le refus par Jean-Philippe Magnen de prendre à son compte le projet d'annexer le département de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Il ne faut pas voir là un sursaut républicain. Ce que craint le dirigeant vert, c'est de perdre plus de voix qu'il en gagnerait, et surtout s'il était élu président, de devoir démissionner de son poste pour honorer sa promesse.


Ajoutez à cela le fait que la tête de liste départementale pour la Loire-Atlantique, Christophe Dougé, soit maire d'une commune du Maine-et-Loire, et on comprendra que nos communautaristes bretons n'ai pas envie de s'engager. Reste à savoir quand aura lieu la rupture, et quelle forme elle prendra : retrait sans bruit pour ne pas gêner les listes bretonnes, simple communiqué dans la presse ou « explication » tonitruante ?


Jean-Philippe Magnen, qui n'est finalement pas très visible dans une campagne atone, n'a pas besoin d'une nouvelle crise, mais il n'est pas sûr qu'il puisse l'éviter. Il devrait annoncer prochainement le ralliement de quinze responsables socialistes. Cela suffira-t-il à dissiper l'atmosphère de division qui plane sur sa liste ? Il est permis d'en douter.